• Les Types de la Poésie Médiévale.

    Petit article pour servir de récapitulatif aux divers types de poésies au Moyen Âge.

     

    "Thibaut le Chansonier"

    Vu que je vis à Provins, je me devais laisser un petit clin d’œil à celui qui développa ma ville natale, il y a plusieurs siècles de cela.

     

    Le Virelai

     

    Le virelai est un poème à forme fixe, avec un nombre variable de strophes à deux rimes. L'un de ses vers sert de refrain et réapparaît à la fin de chaque strophe ou parfois selon une ordonnance plus complexe. Les mètres d'un virelai peuvent être identiques ou variés.

    Le mot virelai vient de lai et de virer dans le sens de tourner, ce qui évoque à la fois la danse et le refrain, ce dernier pouvant être repris en chœur. Les premiers virelais datent de la fin du XIIIe siècle et le genre fut surtout populaire au XIVe et au XVe siècle. Parmi les auteurs de virelais, l'un des plus importants est Guillaume de Machaut, qui en écrivit 39 sous le nom de "chansons balladées".

    "Quant je suis mis au retour de voir ma Dame,
    Il n'est peine ne douleur que j'aie, par m'ame.
    Dieus! c'est drois que je l'aim, sans blame de loial amour
    Sa biauté, sa grant doucour d'amoureuse flame,
    Par souvenir, nuit et jour m'espient et enflame
    Dieus! c'est drois que je l'aim, sans blame de loial amour
    Et quant sa haute valour mon fin cuer entame,
    Servir la weil sans fotour penser ne diffame.
    Dieus! c'est drois que je l'aim, sans blame de loial amour"

     

    La Pastourelle

     

    La pastourelle est un  poème chanté, composé de strophes ou laisses(1) assonancées en nombre variable, il met en scène, en alternant dialogues et parties narratives, une tentative de séduction d'une jeune bergère par un chevalier. La scène peut se terminer par un refus, éventuellement suivi d'un viol, ou par une acceptation. Parfois, la bergère, en butte aux instances du chevalier, appelle à l'aide le paysan qu'elle aime, qui met en fuite le poursuivant.

    Les pastourelles en général se déroulent dans une atmosphère printanière et érotique. Décrivant des amours charnelles et bucoliques, elles prennent le contre-pied de l'amour courtois.

     

    Exemple en version ancien français :

    L'autrier, jost'una sebissa
    Trobei pastora mestissa,
    De joy et de sen massissa ;
    E fon filha de vilana :
    Cap'e gonel'e pelissa
    Vest e camiza treslissa,
    Sotlars e caussas de lana.

    Ves leis vinc per la planissa :
    « Toza, fi m'eu, res faitissa,
    Dol ai gran del ven que.us fissa ».
    « Senher, so dis la vilana,
    Merce Deu e ma noyrissa,
    Pauc m'o pretz si.l vens m'erissa
    Qu'alegreta sui e sana ».

    « Toza, fi.m eu, causa pia,
    Destoutz me suy de la via
    Per fa a vos companhia,
    Quar aitals toza vilana
    No pot ses plazen paria
    Pastorgar tanta bestia
    En aital luec, tan soldana ! »

    « Don, dis ela, qui que.m sia,
    Ben conosc sen o folia ; » [...]

     

    En français moderne :

    L'autre jour, près d'une haie,
    je trouvai une pauvre bergère
    pleine de gaieté et d'esprit ;
    elle était fille de vilaine :
    d'une cape, d'une gonelle (robe longue) et d'une pelisse,
    vêtue, avec chemise de treillis,
    souliers et chausses de laine.

    Vers elle je vins dans la plaine :
    « Jouvencelle, dis-je, aimable objet,
    j'ai grand deuil que le vent vous pique ».
    « Seigneur, dit la vilaine,
    merci à Dieu et ma nourrice,
    peu me chaut que le vent me décoiffe
    car je suis joyeuse et en bonne santé ».

    « Jouvencelle, lui dis-je, charmante créature,
    je me suis détourné du chemin
    pour vous tenir compagnie ;
    une vilaine aussi jeunette que vous
    ne peut, sans un aimable compagnon
    paître tant de bétail
    en pareil endroit, toute seule ! »

    « Maître, dit-elle, qui que je sois,
    Je sais reconnaître bon sens et folie ; » [...]

     

    La Chanson

     

    La chanson est un récit versifié en décasyllabes relatant des épopées légendaires héroïques mettant en scène guerriers et chevaliers. Celles-ci sont accompagnées de musique. Ce qui n’est pas systématique pour les ballades ou les rondeaux.

     

    « Qui ? Quoy ? comment ? à qui ? pourquoi ?
    Passez, presens, ou avenir,
    Quant me viennent en souvenir,
    Mon cueur en pensez n’est pas coy.
    Au fort, plus avant que ne doy,
    Jamais je ne pense en guerir.
    Qui ? quoy ? comment ? à qui ? pourquoi ?
    Passez, presens, ou avenir,

    On s’en peut rapporter à moy
    Qui de vivre ay eu beau loisir,
    Pour bien aprendre et retenir,
    Assez ay congneu, je m’en croy.
    Qui. Quoy ? comment ? à qui ? pourquoi ?
    Passez, presens, ou avenir. »

    Extrait d'une chanson de Charles d'Orléans (1394-1465).

     

    Le Rondeau.

     

    En poésie, un rondeau est un poème à forme fixe de 13 vers de longueur variable et construit sur deux rimes, avec des répétitions obligées. Il est composé sur trois strophes dont les deux dernières reprennent le tout premier hémistiche ; c’est le refrain que l’on retrouve aussi dans la forme de la ballade. Le rondel est un poème à forme fixe, construit sur deux rimes et comportant un refrain, à l’instar du rondeau, il est son ancienne appellation. Il est composé le plus souvent de treize vers octosyllabiques, ou décasyllabiques répartis en trois strophes. Le refrain du rondel est formé de ses deux premiers vers, que l’on retrouve à la fin de la deuxième strophe, puis de son premier vers que l’on retrouve à la fin de la troisième strophe. Le rondel connu son apogée entre les XIVe et XVIe siècles.

     

    « Le temps a laissié son manteau
    De vent, de froidure et de pluye,
    Et s’est vestu de brouderie,
    De soleil luyant, cler et beau.

    Il n’y a beste, ne oyseau,
    Qu’en son jargon ne chant ou crie :
    Le temps a laissié son manteau
    De vent, de froidure et de pluye.

    Rivière, fontaine et ruisseau
    Portent, en livrée jolie,
    Goutte d’argent, d’orfaverie,
    Chascun s’habille de nouveau.
    Le temps a laissié son manteau. »

    Charles d'Orléans, "Le temps a laissé son manteau".
    Charles d'Orléans (1394-1465) est l'auteur de près de 400 rondeaux.

     

    La Balade

    La ballade est une forme fixe du lyrisme courtois de la fin du Moyen Âge composée de trois couplets et d'une demi-strophe appelée envoi, chacune étant terminée par un vers refrain qui rappelle la forme chantée des origines.

     

    Vu que j'ai précédemment mis que des poèmes écrits par des Hommes, je vous laisse ce poème écrit par une femme poète, Christine de Pisan (~1363-1431).

    "Tant me prie trés doulcement
    Cellui qui moult bien le scet faire,
    Tant a plaisant contenement,
    Tant a beau corps et doulz viaire,
    Tant est courtois et debonaire,
    Tant de grans biens oy de lui dire
    Qu'a peine le puis escondire.

    Il me dit si courtoisement,
    En grant doubtance de meffaire,
    Comment il m'aime loyaument,
    Et de dire ne se peut taire,
    Que neant seroit du retraire
    Et puis si doulcement souspire
    Qu'a peine le puis escondire.

    Si suis en moult grant pensement
    Que je feray de cest affaire;
    Car son plaisant gouvernement,
    Vueille ou non, Amours me fait plaire,
    Et si ne le vueil mie attraire;
    Mais mon cuer vers lui si fort tire
    Qu'a peine le puis escondire."

    Balade de "Christine de Pisan" (~1363-1431).

     

    Marie de France est la première femme connue à avoir écrit des poèmes en français.

     

     

     


    Tags Tags : , , , , , , , , ,
  • Commentaires

    1
    Samedi 5 Décembre 2015 à 14:11

    quel article !! ,je n'y connais pas en poesie médevial 

    heureusement que tu as mis la version en français moderne de la pastourelle en ancien français 

      • Samedi 5 Décembre 2015 à 23:16

        Voui, je comprends l'ancien français et j'ai hésité ... Mais je me suis dis que ça serai plus sympa pour les lecteurs qui s'intéréssent au sens du texte et qui ont du mal avec les langues anciennes ^^

         

        C'est un article de partage et de vulgarisation pour donner envie de découvrir la poésie médiévale,

        Je recommande Charles d'Orléans, Guillaume de Machault et Christine de Pisan à lire ^^

    2
    Mercredi 9 Décembre 2015 à 16:41

    merci pour la recommandation de poete 

    • Nom / Pseudo :

      E-mail (facultatif) :

      Site Web (facultatif) :

      Commentaire :


    3
    Vendredi 11 Décembre 2015 à 00:15

    Oh, t'as appris beaucoup avec cet article, je ne m'y connais pas beaucoup en écriture médiévale.
    Je connais un peu le vieux français et ''l'ancienne'' manière de prononcer les choses (car je suis du Québec
    comme tu le sais). C'était intéressant à lire cet article, j'aime bien me documenter sur toutes sortes de choses,
    le thème de l'article est bien original!

      • Vendredi 11 Décembre 2015 à 10:21

        Je ferai d'autres articles comme celui là, j'aime beaucoup partager ma culture avec les autres :)

        Cette nuit, j'ai pensé à faire un article sur les lépreux, mais là plus trop envie ...
        Bon, j'ai un rendez vous dans pas long, je pense pas avoir de temps libre avant 16h, je file !

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :