• Le Vol du Griffon - Conte

    Bonjour chères lectrices, chers lecteurs,

     

    Voici un conte écrit pour mon ami conteur Pascal Boilet, qui voulait lire un conte sur le "griffon", ce superbe animal fantastique. Inspiré d’événements personnels, je décida de raconter la vie de quelqu'un passionné par les griffons. J'espère que cet écrit lui plaira et vous plaira aussi. Je n'ai pas eu le temps de le relire car je voulais m'assurer de le publier vite et ne pas abandonner le brouillon dans un coin. Je manque de temps, ça doit se sentir dans l'écriture, j'espère que ça n'affectera pas trop le récit. 

     

     

    Le Vol du Griffon

     

    J'ai grandi dans la ville fortifiée de Griparn, cité de l'est sur la bordure de la grande plaine qui accueille notre beau royaume de Lorn. J'ai ainsi grandi à l'ombre de ses robustes remparts loin de la craintes des orques et des autres monstres peuplant les collines situés peu loin d'ici. Contrairement aux campagnards redoutant les attaques de ces bêtes cruelles, j'ai dès mon enfance était passionné par les monstres... Beaucoup trop au goût de mes parents ! Ceux ci étaient des teinturiers, ils gagnaient bien leur vie car ils teignaient des linges d'un bleu si profond et pur que leur réputation était grandissante dans tout le pays. Les draps semblaient prendre la couleur du ciel se reflétant dans la rivière où ils étaient traités. Enfin, ce conte ne parlera pas de draperie, mais grâce à ça, mes parents réussirent à m'offrir une bonne éducation et même un livre ! Je me sentais presque à l'égal de ses nobles dans ma vie de petit bourgeois, et je rêvais de devenir chevalier... Et pas n'importe lequel ! Un chevalier griffon ! En effet, Griparn a la chance de posséder une unité de griffonier. Les griffoniers sont de redoutables guerriers et peuvent délivrer des messages grâce à leur monture. On pouvaient les voir parfois s’entraîner dans le ciel, mais pour approcher ces soldats à fier allure et leur monture, il fallait attendre la fête de la moisson et son défilé militaire. Ainsi on pouvait voir ses animaux fantastiques de près. Ce corps de lion à moitié couvert de plumes, leur tête ressemblant à ceux des rapaces, leurs griffes et leur bec plus tranchants que des épées. Et même marchant au sol lors des défilés les ailes repliés, ils étaient incroyables ! Mon esprit de jeune garçon s'enflammait à leur vision. Quelles merveilles les murs de ma ville m'empêchaient de voir dans la vaste monde ? Quelle vue avait un griffon sur cette prison de hauts murs de pierre ? Je rêvais d'en chevaucher un et parcourir le ciel sur son dos.

     

    Je rentra dans la milice civile à mes dix-huit ans. La renommée de ma famille me permit d'avoir un poste d'officier, mais je me révéla être un piètre militaire ! Mon rêve de chevaucher un griffon s'envola à tire d'ailes. Au moins, je sortis des murs de cette maudite ville, je parcouru les villages avoisinants. Hélas, la vie de soldat est dure et courte. Un jour, je fus envoyer en urgence à la rescousses d'un village attaqué par une bande de gnolls venus les piller. Ma troupe n'était qu'une patrouille d'une trentaine d'hommes, ridicule face à une tribu de ses hommes hyènes enivrés par l'odeur du sang humain. On était bien sûr arrivés épuisés et bien trop tard. Des chevaucheurs de griffons étaient déjà là. Il était que cinq et avait fait fuir les monstres et en avait fauchés quelques uns. Les plumes et les serres des griffons étaient couvertes du sang des ennemis. Un des griffons avaient reçu plusieurs flèches et devaient être soigné. Malheureusement, je ne pus les approcher. On nous confia de nettoyer la zone, enterrer les cadavres des villageois et brûler ceux des pillards. Les gnolls sont des créatures plus proches des animaux que des humains, ils sont solides et bien battis. Mais au vu des blessures, je ne pouvais imaginer à quel point la charge des griffons fut monstrueuse. Un des corps avait eu la tête d'arraché et elle avait disparue. Beaucoup de corps lacérés par leurs serres. C'est ainsi que je pris conscience dans la dangerosité de ces créatures. Les cavaliers étaient aussi redoutable que la monture à la vue d'un corps coupé en deux par un violent coup de hache à double tranchant. Je laissa la tâche salissante de s'occuper des corps à mes hommes et continua d'observer les griffoniers avec envie. Je craindrai rien, ni personne si je possédais une telle créature. Mon envie de posséder un griffon devint encore plus forte. Je me serai ruiné et j'aurai ruiné ma famille avec un tel achat. Pourtant ça tournait à l'obsession. Je tenta d'obtenir des informations de la part des griffoniers, je me rendis compte que je pouvais peut être tenter de voler un œuf dans un nid et d'en élever un moi même... J'appris que les griffons vivaient dans les montagnes... c'était loin. Je quitta l'armée à la mort de mon père et reprit l'affaire familiale. Quelques années plus tard acquérais un petit domaine agricole et y fit construire un pigeonnier. J'ai eu du mal à obtenir l'autorisation du seigneur pour la construction de l'édifice … et se fut suspect que finalement je n'y éleva aucun pigeon. Mais cela me rapprochait de mon plan final … Trouver un œuf  ! J'aurai pu y envoyer des aventuriers téméraires, mais je préférai y aller moi même pour admirer ces chimères dans leur milieu naturel.

    Je recruta un chasseur du nom de Faror pour me guider parmi les terres sauvages. C'était un homme plus jeune que moi, j'avais à ce moment pas loin de la quarantaine, pourtant il semblait être plus âgé par des années de vie au grand air et à survivre dans ses terres remplies de monstres... C'était un touche à tout, chasseur, guide, mercenaire pour escorter les marchands des villages reculés dans les montagnes de l'est, mais des rumeurs le disaient capable de récupérer des œufs de dragon. Je le savais sûr très habile avec un arc, il gagnait tout les ans le concours de tir à l'arc de Griparn. Je l'avais abordé à ce moment là. Il était calme, silencieux, et malgré qu'il était dissimulé sous une grande cape, il m'inspirait confiance. Je le demanda de me guider dans les montagnes jusqu'à un nid en échange d'une bonne prime. Il accepta sans broncher ni marchander le prix. Je m'étais présenté comme un ancien vétéran, ça avait sans doute aidé à le mettre en confiance …

    Le voyage ne fut pas trop dur, c'était comme une très longue patrouille. Mon guide m'emmena jusqu'à un village des montagnes où on pouvait se baigner dans des sources chaudes. J'étais très hésitant à y perdre du temps, mais il m'y encouragea, sous prétexte de me reposer avant d'affronter la montagne sauvage. Je dois avouer que ce fut une bonne idée car éreintante fut la marche pour arriver à notre objectif. J'en pouvais plus d'avoir des pierres qui roulaient sous mes pieds et les arbres se faisaient de plus en plus rares. Je commençais à avoir envie de rebrousser chemin de et abandonner cette quête futile. Faror comme toujours restait patient, il savait que je ne serai pas déçu. En tout cas, quand je vis la silhouette dans un griffon volant vers le soleil avant de fondre en piquer quelque part dans la montagne, mon cœur fit un bon dans la poitrine. C'était une courte apparition, beaucoup trop courte, j'avais à peine réussi à le discerner. Mais le vol de l'animal me redonna du courage. Je redoubla d'ardeur dans ma marche, derrière les pas légers de mon ami amusé de mon enthousiasme. Il aimait les griffons lui aussi, il me raconta avoir était sauvé de quelques gobelins par l'apparition soudaine d'un griffon sauvage. La bête avait combattu à ses côtés et était partie avec l'un des cadavres pour le dévorer dans son repère. Faror se mit alors à les considérer comme des sortes de protecteurs et se mit à chercher les nids pour y déposer des offrandes de nourriture en signe d'amitié. C'était dans ce but qu'il se mit à chasser un mouflon. Je me suis dis que ça ferait un bon appât, lui un belle offrande. En tout cas, je ne trouvais pas l'idée stupide. Ainsi le griffon occupé, je pourrai dérober un de ces œufs. Le rôdeur me mena ensuite près d'un des nids. Il déposa la carcasse fraîchement chassée sur un gros rocher et poussa des cris comme pour appeler la créature. Il m'avait dit de rester caché derrière un rocher et d'attendre caché sous sa cape. Mais bien entendu, l'occasion était trop belle ! Je tenta de me faufiler vers le nid indiqué par mon guide. Faror se mit alors à crier dans ma direction de reculer, de ne pas faire ça. Je l'ignorai, il se mit à courir vers moi. Moi, j'étais à quelques pas du nid. J'allais y arriver quand soudain une grande ombre me survola déplaçant une telle bourrasque d'air que je manqua de m'envoler ! Je tomba à la renverse. J'entendis Faror crier, des « Non ! Non ! Non ». Quelque chose m'attrapa par les épaules, je fus soudain soulevé du sol et je me sentis tomber. Je n'ai pas eu le temps de comprendre, je perdis lors du choc. Je me réveilla dans un abri précaire dans la forêt. Faror avait soigné comme il pouvait d'impressionnante plaies au niveau de mes épaules laissé par les serres du griffon. Il avait fait une attelle pour ma jambe. Il ne me laissa trop le temps de comprendre qu'il me sermonna sur mon comportement. Je le remercia pour les soins et lui promit de le payer double pour m'avoir sauvé la vie. Je sais pas trop ce qu'il avait fait, mais j'étais encore en vie. Il avait construit un genre de brancard de fortune qui semblait pouvoir être soulevé par le dessus via de longues cordes. Un énorme mouvement d'air, le feu de camp fut soufflé et manqua de s'éteindre, je pris peur... Le griffon était de nouveau là, près à finir la besogne et me dévorer ! Dévoré par son animal favori, quelle ironie ! Mais il ne vint pas vers moi, il était en compagnie de Faror qui lui caressait la tête et murmurait des mots que je ne pouvais comprendre. Il vint me voir et me dit que les griffons était des créatures magiques, incarnation de l'écho du cri de l'aigle dans le hurlement du vent des montagnes. Qu'ils étaient très intelligents et les griffons sauvages comprenaient les anciens langages des premiers nés. Les premiers nés ? Il devait parler des Elfes. Je commença à me demander si je n'avais finalement pas été guidé par un elfe. En tout cas, Faror ne me dit rien de plus, son ultime aide fut de me transporter jusqu'au village des sources thermales. Et ce fut le plus beau cadeau. Depuis mon brancard, je pouvais admirer le ventre du griffon. Les grandes plumes du dos et des pattes laissaient place à un duvet très doux sous le ventre. Le vent de ses ailes n'avaient plus rien de terribles et terrifiants, elles glissaient sur les vents comme des feuilles glissent sur l'eau de la rivière calme. Je ressentis toute la beauté, la vie et la présence de cette fantastique créature. Mon désir de posséder un tel animal me quitta à tout jamais à quel point je me mis à les respecter et les considérer comme des êtres à part. « Les griffons sont nés de l'écho du cri de l'aigle dans le hurlement du vent des montagnes. » Lorsque mes blessures furent guéries grâce aux soins reçues par la gérante de la maison des sources, je décida de faire construire une maison pour moi dans le village avec un large balcon et de grandes fenêtres pour espérer voir le vol des griffons. Dans les montagnes se racontaient beaucoup d'histoires interdites dans le royaume de Lorn. Je décida de consacrer la fin de mon existence à leur transcription écrite dans la sérénité de ces montagnes. Je n'aurai jamais chevauché de griffon au final, mais grâce à Faror le Rôdeur, j'avais volé dans le vent avec lui. Faror se méfia désormais de moi. Il continua sa vie de son côté continuant à arpenter les forêts et les montagnes bien plus longtemps que ma plume dansa sur le papier. J'avais sans doute fait ici aussi la rencontre extraordinaire sans le savoir avec l'un de ces rares elfes errants.

     

    Il ne faut pas totalement réaliser ses rêves, mais les effleurer de manière à se laisser porter par leur vol parmi les songes.

     

    Écrit par Arthur Dauptain, ©Tous droits réservés.

     

     


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